Les Objets connectés en France : entre séduction, désintérêt et méfiance

À l’occasion du salon IoT World de Paris (22 – 23 mars), idealo a mené une enquête afin de savoir quel rapport entretiennent les Français avec les objets connectés. Rappelons que l’an dernier, une étude OpinionWay indiquait que 35% d’entre eux considéraient qu’il s’agissait d’une révolution comparable à celle d’internet. Voyons si c’est toujours le cas. 

D’après les résultats de cette étude OpinionWay, les Français restent encore divisés sur la question des objets connectés. En effet, quand 33% des Français disent posséder un ou plusieurs objet(s) connecté(s), 52% de la population n’en possèdent pas et ne comptent pas en acheter. Est-ce le signe d’un désintérêt ou simplement l’absence de besoin ? Mystère. Et si l’on prend aussi en compte les 15% de Français ne possédant pas d’objets connectés, mais souhaitant en acquérir un prochainement, la population française est assez clairement divisée sur la question (48%-52%).

Les usages : sport, santé, maison, travail
Les objets connectés sont majoritairement utilisés dans un cadre ludique. En effet, les domaines des loisirs et du sport se révèlent être les plus prisés par les amateurs d’objets connectés en France, avec plus de 74% des possesseurs d’objets connectés. En parallèle, 2 personnes équipées sur 10 (21%) possèdent un objet dans le domaine de la santé. Avec la mise à disposition d’objets connectés de santé dans les pharmacies par exemple, les fabricants disposent d’une réelle marge de progression, notamment auprès des personnes âgées de 50 ans et plus, dont seulement 13% sont équipés en objets connectés liés à la santé. La bureautique (28%) et la domotique (17%) complètent ces équipements. Enfin, seuls 7% des possesseurs d’objets connectés les utilisent dans un cadre professionnel.

L’objet connecté doit avant tout être pratique 
En ce qui concerne la typologie des objets connectés, les objets mobiliers, comme les télévision, balance, thermostat et lumière sont très majoritairement prisés par les Français (61%). Ils devancent très nettement les objets connectés « wearables » (montre, vêtement, tracker de santé, porte-clefs) avec 36% des possesseurs, ou encore les « hearables » (casque ou écouteurs) avec 20%. Les voitures connectées (11%) restent les moins populaires.

Les montres, casques et consorts trouvent plus d’écho chez les jeunes hommes
En termes plus détaillés, les objets mobiliers (64%) ou les « wearables » (38%) seront plus répandus chez les hommes que chez les femmes (respectivement 58% et 32%), tandis que ces dernières seront plus adeptes de « hearables » (26% contre 15% pour les hommes). De même, les personnes de plus de 50 ans (71% contre 54% de personnes plus jeunes) et les personnes issues des catégories socioprofessionnelles aisées (64% contre 58% des personnes issues des catégories populaires) possèdent plus largement des objets connectés mobiliers. Les personnes âgées de moins de 35 ans sont en revanche beaucoup adeptes de « wearables » (40% contre 34% de leurs aînés), de « hearables » (28% contre 17%) et de voitures connectées (15% contre 10%).

La voiture connectée : un rêve encore inaccessible
Bien que de plus en plus de constructeurs comme Opel, Chevrolet ou Ford équipent ou vont équiper leurs voitures de nombreux outils connectés (Wifi, 4G etc.), cette technologie en est encore à ses débuts dans le domaine de l’automobile. Le taux de pénétration est donc logiquement plus faible puisque l’achat d’une voiture est un investissement important et nécessite un budget beaucoup plus conséquent que n’importe quel autre objet connecté. Il va donc falloir attendre quelques années pour voir une généralisation de ces voitures connectées, et c’est notamment ce que montrent les pourcentages des personnes âgées de moins de 35 ans abordés ci-dessus.

Une utilisation hebdomadaire pour la majorité des possesseurs
Les objets connectés trouvent leur place au quotidien dans la vie de leurs possesseurs, puisque la grande majorité de ces derniers les utilisent au moins une fois par semaine. Plus encore, 2/3 des possesseurs d’objets mobiliers les utilisent au quotidien ou plusieurs fois par semaine. Il en va de même pour 68% des possesseurs de « wearables ». De fait, les objets connectés mobiliers et les « wearables » sont les objets avec la plus haute fréquence d’utilisation.

La protection des données : un enjeu majeur
Depuis la dernière étude OpinionWay en 2016, le pourcentage de possesseurs d’objets connectés a stagné en un an. En effet, alors que 35% des Français possédaient au moins un objet connecté en 2016, ils sont aujourd’hui 33% dans cette nouvelle étude. Au-delà de l’absence de progression de ce chiffre, les consommateurs français pointent aussi du doigt certains freins, et notamment leur inquiétude au sujet de l’utilisation et de la protection de leurs données personnelles mais aussi le prix d’un objet connecté, souvent jugé trop élevé.  60% des Français ne font pas confiance aux fabricants d’objets connectés concernant la protection et l’utilisation de leurs données personnelles.

Les pistes d’amélioration 
Pour les fabricants d’objets connectés, il existe donc un réel enjeu à convaincre les non-possesseurs sur le fait que leurs données soient bien protégées et non utilisées. Mais d’autres points d’amélioration méritent l’attention des fabricants d’après les Français, au premier desquels se trouve le prix. 52% des personnes désirent que le prix des objets connectés soit plus attractif. S’ensuit une meilleure protection des données, avec 36% des personnes interrogées. Les critiques se concentrent ensuite sur les caractéristiques techniques et l’interface des objets connectés : 29% souhaitent une meilleure batterie, 26% une utilisation plus facile et 18% aimeraient avoir une meilleure information sur l’utilisation de l’objet. La marge de manœuvre demeure encore assez importante pour conquérir un public plus large. En effet, certains objets ne parviennent toujours pas à susciter l’intérêt des personnes interrogées. C’est notamment le cas des vêtements (61% des personnes interrogées ne souhaitent pas acquérir l’objet), d’un porte-clefs (57%), d’une balance (54%), d’un tracker de santé (53%) ou encore d’écouteurs (50%).

A l’inverse, la télévision (50%) ou la montre connectée (46%) rencontrent un certain intérêt auprès du public, qui serait prêt à débourser une somme moyenne de respectivement 509€ et 93€. Il s’agit de biens assez coûteux qui ne font aujourd’hui pas partie des priorités des Français. Seules les personnes possédant déjà un objet connecté se montrent plus sensibles à d’autres catégories d’objets et sont prêts à dépenser plus que les autres, que ce soit pour une télévision (+96€), une montre (+45€) ou même une balance (+11€).

Tout est dans la confiance 
Moralité : les français portent leur intérêt sur des objets mobiliers qui leur permettront d’améliorer le confort de leur habitation et qui disposent d’une réelle plus-value. Les « hearables » et « wearables », bien que très médiatisés, n’arrivent que dans un second temps. Quant aux objets connectés qui relèvent de l’accessoire aux yeux des Français, ils ont encore du mal à convaincre. La construction d’une forte relation de confiance avec les consommateurs demeure un objectif prioritaire pour les fabricants.

 

source : ITRnews